Une modification du statut d'enseignant-chercheur - l'universitaire - est en cours. Dans quel sens ira ce statut ? Droite toute, en cohérence avec la politique gouvernementale. Pour prendre connaissance des arcanes de notre métier, du statut, c'est par ici.

En attendant, la riposte s'organise, lentement mais une poussette de fièvre semble poindre... Nous sommes un milieu social très frileux pour les luttes sociales car nombreux collègues considèrent que rien ne peut leur arriver. Universitaire je suis, le meilleur je reste... quant bien même cette contre-réforme exige le classement des universitaires avec l'apparition d'un top-20 - 20% seront jugés first class par l'AERES, une agence d'évaluation dont les membres sont nommés par le gouvernement et non leurs pairs.

Qu'avons-nous comme outils pour s'opposer à cette contre-réforme ? Point de tonnes à lisier, point de 36 tonnes, point de parachutes dorés, rien de tout ça. Sauf la délivrance de diplôme, les notes. Université, usine à notes ?

Ouf, j'ai tenté de présenter en quelques lignes le contexte de cette lettre - à la demande de mon ami Fil Ze Loom ;-)

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A une demande de transmission des notes [« En ce qui concerne le jury (…), je vous propose le jeudi 8 janvier à 11H00. Je vous remercie donc de me faire parvenir les notes de vos examens et contrôles pour le mercredi 7 janvier début d'après midi. Pour cela je vous enverrai un fichier Excel (…)»], j'ai répondu :

« L'examen de chimie théo est le 18 décembre. Je suis en vacances du 19 décembre au 5 janvier matin (congés payés).
Vu mes autres activités professionnelles d'enseignement et de recherche, eh oui, je ne pourrai corriger mes copies avant la date proposée du mercredi 7 janvier (donc le 6). Tous les ans je le dis, tous les ans, je le ferai. Quant aux raisons "objectives" de ce calendrier serré, je m'en fous (enfin pas tout à fait mais je prends cette position car ce gouvernement s'en fout aussi de moi, ma famille, l'Université et le Service public).

Bien sûr, si quelqu'un se juge habilité pour corriger mes copies, qui ne m'appartiennent pas (statut), bienvenu :-) (sous couvert du Président et Chancelier des universités), qu'il vienne aussi surveiller l'examen 8h15-12h15 jeudi 18.


De plus, je souscris à l'appel local et national de "rétention des notes", de refus de siéger en jury d'examen - hors statut -, de démission des responsabilités administratives si et seulement si, bien sûr, de nombreux collègues se joignent à ces modalités de protestation pour exiger l'"abandon du projet de statut enseignant-chercheur", la création de postes statutaires & une programmation pluriannuelle (+500 ens. ch., +1500 biatoss / an, du travail pour nos étudiants), abandon projet gouvernemental de "masterisation".

En attendant la décision locale d'appliquer ou non ces engagements début janvier en assemblée générale (on ne part pas tout seul...action collective) :
- je préparerai mes cours - statut
- j'enseignerai - statut
- je ferai le sujet d'examen - statut
- je surveillerai ; et encore si je suis énervé non ! - hors statut
- je communiquerai mes copies corrigées avec un temps nécessaire de correction dans mon temps légal de travail - statutaire
- je ne remplirai pas un tableur avec les notes - hors statut

et je stopperai aussi toutes mes activités d'administration relatives à l'enseignement, ici responsable M1 BSC, UE diverses et variées.

Aussi, Chers Collègues, je vous invite à vous joindre à cet appel, à vous engager, dumoins si vous revendiquez et voulez gagner sur ces revendications.

De mon statut d'universitaire découle la vie de ma famille, l'exercice des missions d'un universitaire. Comme le budget alloué à une université va être corrélé aux étudiants présents et reçus aux examens, à l'insertion professionnelle de ces étudiants, au montant de leur premier salaire (si, si lisez !), au nombre de publications (et là, je suis charrette, ne co-signant pas à tour de bras...), il me faut réfléchir aux méthodes pédagogiques à mettre en place (pipotique & co, baisser les exigences, sélection sociale, etc). Comme le montant du budget alloué par l'Etat aura un impact sur ma rémunération (et celle de mes collègues) par des primes conséquentes et juteuses, donc sur ma famille, il me faut réfléchir...

A ce jour, c'est tout réfléchi : je demande l'abandon de ces contre réformes scélérates qui cassent le statut national de fonctionnaire d'Etat (selon l'université, modulation différente), auront un impact sur mon indépendance d'universitaire dans la construction et transmission des savoirs,


Bien à vous.

Gilles Frapper, maître de conférences en chimie théorique

PS : et pas de pression inutile, comme disait en CTP le président de l'université de Poitiers, "j'ai une peau d'otarie, ça glisse dessus"!